La langue d’Oc

Uno lengo es un clapas ; es uno antico foundamento ounte chasque passant a tra sa pèço d’or o d’argènt o de couire ; es un mounumen inmènso ounte chasco famiho a carreja sa pèiro, ounte chasco ciéuta a basti soun pieloun, ounte uno raço entiero a travaia de cors e d’amo pendènt de cènt e de milo an.

Uno lengo, en un mot, es la revelacioun de la vido vidanto, la manifestacioun de la pensado umano, l’estrumen subre-sant di civilisacioun e lou testamen parlant di soucieta morto o vivo.

Une langue est un bloc de pierre ; c’est un fondement d’édifice où chaque passant a jeté sa pièce d’or, d’argent ou de cuivre ; c’est un monument immense où chaque famille a apporté sa pierre, où chaque cité a bâti son pilier, où une race entière a travaillé de corps et d’âme pendant des centaines et des milliers d’années.

Une langue, en un mot, est la révélation de toute une vie, la manifestation de la pensée humaine, l’instrument sacro-saint des civilisations et le testament des sociétés mortes ou vivantes.

De toutes les composantes de l’identité culturelle, la langue est celle que le Félibrige a défendue avec le plus d’ardeur, estimant avec Frédéric Mistral qu’une langue est le témoignage le plus marquant des générations qui se succèdent au cœur même de la culture [que nous avons reçu en héritage]. Ainsi, le Félibrige s’est principalement affirmé au cours de son histoire comme un mouvement littéraire soucieux d’illustrer la langue d’oc dans la grande diversité de ses parlers (provençal, languedocien, gascon, auvergnat, limousin), les plus grands chefs-d’œuvre étant indéniablement en Provence ceux de Frédéric Mistral (Prix Nobel de Littérature en 1904), dont la valeur fut et est encore unanimement reconnue en France comme à l’étranger.

Le Félibrige considère à égalité les différents parlers réunis sous le vocable de langue d’Oc. Strictement conforme à l’idée mistralienne, le Félibrige ne peut considérer tel ou tel parler d’Oc comme une langue à part entière. Tous les parlers d’oc sont la langue d’oc.

Par la délibération suivante ; le Félibrige a tenu à rappeler, lors de son congrès annuel du 24 mai 2010 à Castillonnès (Lot et Garonne), que la seule terminologie de langue d’oc doit être retenue, employée et défendue :

Le Félibrige réaffirme sa décision adoptée en Conseil Général lors de la Santo-Estello de Grasse en 1999 : « Le Félibrige retient comme seule terminologie pour être employée et défendue : la langue d’oc dans la diversité de ses parlers (Auvergnat, Gascon, Languedocien, Limousin, Provençal).

Il rejoint en cela la définition établie par la DGLFLF (Délégation générale à la langue française et aux langues de France) Observatoire des pratiques linguistiques du Ministère de la Culture et de la Communication : « Chaque variété [de la langue d’oc] est l’expression pleine et entière de la langue qui n’existe qu’à travers ses composantes ».

Cette définition n’est autre que celle que Frédéric Mistral retient pour l’intitulé complet de son Tresor dóu Felibrige « Dictionnaire provençal-français embrassant les divers dialectes de la langue d’oc moderne ».

Une des premières préoccupations du Félibrige fut aussi d’organiser l’écriture de la langue en lui donnant un système graphique cohérent pouvant être utilisé pour tous les dialectes d’oc aujourd’hui désigné par l’appellation de graphie mistralienne.

La langue officielle du Félibrige est la langue de Frédéric Mistral et tous les actes officiels seront rédigés dans cette langue, telle qu’elle est définie dans les œuvres mistraliennes, sauf les actes officiels des maintenances qui pourront être rédigés dans la langue de la région. Cela dit, chaque félibre a la liberté d’employer le parler d’Oc qui lui plait et de l’écrire selon la façon qui lui convient le mieux.

(Statuts du Félibrige – Art. 2)

Sans esprit de concurrence, le Félibrige, conscient de la dimension universelle de l’œuvre mistralienne, s’efforce de faire admettre que l’on peut apprécier simultanément Hugo, Goethe, Dante et Mistral ; que défendre et promouvoir une langue comme la langue d’oc, n’est pas pour autant refuser d’autres langues comme l’anglais, l’allemand ou toute autre langue, mais que l’enseignement de la langue d’oc est un enrichissement qui ouvre la porte à toutes les langues romanes.

 

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