Le Félibrige a rendu hommage à ses morts de la guerre 14-18 et au XVe Corps d’armée

Le Félibrige a rendu hommage à ses morts de la guerre 14-18
et au XVe Corps d’armée

C’est précisément le jour du centième anniversaire des calomnies proférées contre le 15e corps d’armée, ce dimanche 24 août 2014, que le Félibrige avait choisi pour honorer les félibres morts à la guerre de 14-18 à Saint-Saturnin-de-Lucian.

Cette commune héraultaise abrite en effet un mémorial inauguré en 1935, à l’initiative des félibres de Clermont l’Hérault au lieu-dit le Rocher des deux Vierges. En ce lieu, autant d’arbres que de félibres morts à la guerre de 14-18 furent plantés et une immense étoile à sept branches (symbole du Félibrige) accompagnée de la mention “Als felibres morts per la patria” fut élevée sur le rocher.

Après une ascension à pied d’un kilomètre trois cents, près d’une centaine de personnes se retrouva au pied de l’illustre inscription, parmi elle, de nombreux félibres venus expressément des « Maintenances » félibréennes d’Aquitaine, de Gascogne-haut Languedoc, de Languedoc-Roussillon et de Provence.

Cette cérémonie digne et sobre débuta par l’exécution d’une pavane suivie d’un touchant message en provençal du Capoulié du Félibrige* et de la lecture , par M. Gabriel Brun, d’extraits du poème « La vesioun de l’Uba » de Joseph d’Arbaud, description lyrique des souffrances et témoignage en hommage à l’ensemble des combattants.

Un court mais poignant morceau de musique préluda alors les noms des Félibres morts en 14-18, ainsi que ceux des associations félibréennes dont des membres sont morts durant la guerre que le Capoulié du Félibrige égrena alors lentement. A la suite de cette émouvante énumération, Florence Quinonero, Maire de Saint-Saturnin-de-Lucian et Jacques Mouttet, Capoulié du Félibrige déposèrent au plus près du rocher une gerbe d’olivier et de laurier galamment apprêtée de fleurs bleus et jaunes, les couleurs du Félibrige.

Dans un sublime recueillement, le galoubet d’André Gabriel fit résonner la sonnerie aux morts et après une impressionnante minute de silence dans ce site escarpé, insolite et mémoriel, c’est également au galoubet-tambourin que retentit la Marseillaise.

La cérémonie prit fin avec le chant des sept couplets de la Coupo Santo.

Une fois revenu dans le village, la municipalité offrit un généreux vin d’honneur aux participants et Madame le Maire exprima toute sa joie d’accueillir une telle manifestation du souvenir.

L’après-midi, en la salle des fêtes, M. Pierre Virion donna une brillante conférence intitulée « Le XV e corps diffamé ». Il su captiver le nombreux auditoire de part la qualité de son propos mais également par la diffusion de documents iconographiques et sonores. Avec talent il donna toutes les explications nécessaires à la connaissance de cette triste affaire.

Il en fut chaleureusement remercié par le Capoulié du Félibrige qui conclut cette journée avec des mots de reconnaissance et en exhortant au devoir de mémoire.

Lors de cette journée, le Capoulié du Félibrige était accompagné d’André Gabriel, Baile du Félibrige, Guy Revest, Clavaire dóu Félibrige et Syndic de la Maintenance de Provence, de l’Assesseur du Félibrige Marie-Noële Dupuis, des Syndics François Pontalier (Aquitaine) et Gabriel Brun (Languedoc-Roussillon) ainsi que des Majoraux Pierrette Bérengier (Marseille),
Henri Barthés (Béziers), Zéphir Bosc (Espeyrac), Miquèu Benedetto (Manosque), Alan Costantini (Orange).

*Traduction du message :

Chaque famille a pleuré ses morts, chaque famille se souvient de ses morts, le Félibrige a pleuré ses morts et s’en souvient. Au travers de leurs morts, chaque famille honore un million quatre cent mille morts de 14-18. Il convient également de se rappeler des deux mille Catalans morts qui s’engagèrent dans la Légion étrangère et qui vinrent mêler leur sang au nôtre. Puis encore, au travers du souvenir de nos morts s’accomplit la triste souvenance des dix-huit millions cinq cent mille morts des pays impliqués dans la première guerre mondiale.

Il était du devoir du Félibrige de prendre part, dès son début, à la commémoration de la guerre de 14-18. Toutes nos familles, et la famille félibréenne également, ont pâti, ont donné leur part de sacrifice. Les Félibres comme tous les patriotes, ont servi la nation avec une abnégation absolue.
-Personne n’oubliera jamais.

L’on pouvait lire en 1915 dans les papiers félibréens : « On pleure les morts, ont admire les héros et on espère ». Il y a de quoi être ému à la lecture des documents, compte-rendus et discours de cette époque, fidèlement et pieusement relatés dans le bulletin du Félibrige, dans l’Armana prouvençau et dans les Cartabèu de Santo-Estello.

Grande est notre admiration devant la vaillance des soldats qui dans des moments les plus sombres, les plus angoissants ont tenu la flamme du renouveau et de l’idéal félibréen en fondant des « écoles » dans les tranchées et en publiant plusieurs journaux du Front. « Ces feuilles, dit le Capoulié Valère Bernard, lorsque je les reçois, je ne peux chaque fois les lire sans pleurer ».

C’est avec une profonde émotion que nous sommes venus de tout l’espace félibréen accomplir le devoir de mémoire, que nous sommes venus nous recueillir, que nous sommes venus nous incliner en ce lieu, face à ce mémorial élevé sur souscription, voulu par les Félibres de Clermont l’Hérault pour honorer comme il se doit les leurs de toute la terre d’oc qui ont donné leur vie pour sauver la France.

Un mémorial qui signale l’ardeur du peuple du Midi, « tout le Midi avec son sang, avec sa chair, avec son corps, avec son âme a donné preuve sublime de son attachement à la Patrie », écrit encore le Capoulié Valère Bernard, « le peuple du Midi qui a fait son devoir, qui a fait tout son devoir, malgré les affronts, malgré la calomnie ».

Si nous avons choisi ce 24 août 2014 pour faire monter de nos cœurs l’hommage que célèbre le douloureux souvenir du passé et les nobles victimes de l’affreux carnage que la barbarie imposait, c’est que cette date est celle, jour pour jour, de l’anniversaire des infamies proférées contre le XVe corps d’armée, l’affaire qui marque aujourd’hui encore profondément notre histoire et la mémoire collective.

De telles évocations nous emplissent d’une bouleversante émotion, très touchés, nos pensées, nos sentiments s’élèvent recueillis et respectueux vers ceux, tous ceux qui dans la souffrance et la boue, en milieu des corps pourris, agonisaient la tête au sol, nos pensées s’élèvent recueillis et respectueuses vers tous ceux qui ont offert leur corps et leur âme à la Patrie.

En saluant leur gloire et en essuyant nos pleurs qu’il me soit permis de dire avec Joseph d’Arbaud : « Aussi, au nom des vaillants qui ont écarté la honte de nous, à l’heure présente et dans l’avenir, des marais de Camargue aux pics de Catalogne gardons le souvenir ».

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